Les stratégies et la pression
Il y a une dizaine d'années, j'ai acheté un jeu d'échecs. J'ai fait quelques parties avec mon frère et un ami mais étant plus que mauvais, j'ai vite laissé tomber. Tout récemment, j'ai découvert les jeux de société que j'ai toujours détesté également car trop "enfantin". Je découvre par la même occasion que, le français est l'une de rare voir seule langue qui appelle ça des "jeux de sociétés", supposant donc qu'il faut jouer avec d'autres personnes. En anglais par exemple, on dit "board game" ou jeux de plateau.
Je me mets alors à jouer a des jeux de sociétés mais en solo et y en a quand même pas mal que je commence a apprécier : - Galdor's Grip - Palm Island - Ragemore et bien d'autres
Les deux premiers peuvent se jouer dans la main directement donc très pratique dans les transports en commun, car aucune table n'est nécessaire. Avec ma femme on jouait plutôt à Break The Code dont le but est de trouver les chiffres que l'autre possède. Je viens également de m'acheter Turing Machine dont le but est de trouver les codes en le vérifiant par "la machine", ou 'l'ordinateur central".
Les jeux solo permettent de se focaliser sur le jeu et à son rythme. Et c'est donc parfait pour les personnes qui veulent se casser la tête mais sans subir la pression extérieure ce qui est mon cas. Des années après, je viens de refaire des parties d'échecs avec mon frère et le problème que j'avais avant n'a pas disparu depuis. J'ai toujours été quelqu'un de très lent sur les choses intellectuelles, lorsqu'il fallait être stratège, prendre une décision, analyser une situation et en tirer des conclusions. Et c'est justement ça qui m'a toujours fait peur.
Je me souviens que, depuis toujours, je n'avais aucune faculté a traiter un problème complexe rapidement en utilisant mes connaissances. Je me vois encore devant les feuilles d'examens par exemple. J'allouais toute mon énergie non pas à la résolution du problème mais plus sur moi-même et c'est une sensations très curieuse. Au lieu de réfléchir sur le problème lui-même, je passais tout mon temps a m'analyser moi, comme si je regardais et commentais à ce moment ma propre pensé : je suis incapable de résoudre ça, c'est trop compliqué, regarde comment je suis lent et je n'ai encore rien fait alors que le temps passe. T'es vraiment trop con !
La quasi totalité de ma pensé tournait donc au tour de ma façon de réfléchir et mon état du moment, mes sensations, plutôt que sur le problème lui-même. C'est une situation extremement paralysante car vous êtes pris comme un lapin dans les feux d'une voiture. Immobile et incapable d'avancer, saboté par votre propre cerveau. Je pense que, quiconque n'est pas dans cette situation a dû mal a comprendre l'effet produit.
Pour prendre un exemple, imaginons que vous soyez devant un examen de math. Les math c'est de la rigueur. Il faut donc appliquer des concepts concrets pour résoudre le problème. Et là, au lieu de réfléchir au concept mathématiques que vous pouvez appliquez, vous vous mettez à vous rabaisser, presque à vous insulter et à vous concentrez uniquement sur votre incapacité et non sur le problème lui-même. Bah voilà, je me retrouve parfois dans ce genre de cas. A ce moment, ma tête est évidée de toute pensé. On dirait qu'un immense vide occupe toute la place disponible dans mon crane. C'est un oxymore mais c'est le sentiment que j'ai.
Pour revenir sur les échecs, ce n'est pas un examen de math mais la problématique est la même. Il fait imaginer de nombreux coups possibles et anticiper le déplacement de l'adversaire. Personnellement c'est un flou total qui s'installe et j'ai dû mal à me projeter a plus de deux coups, tellement les possibilités sont vastes. J'ai l'impression qu'à ce moment un vide complet s'installe dans ma tête et je me retrouve ainsi figé.
Je pense donc passer plus de temps avec ces petits jeux solo et sur les échecs. S'exposer volontairement à ce problèmes et se forcer a rester concentré pendant un moment peut certainement aider.
Ce flou qui s'installé se transpose également dans les autres aspect de la vie, comme la lenteur lors de la prise de décision. Je suis là, je vagabonde, sans prendre une décision claire quitte à ce qu'elle soit mauvaise par la suite.
J'espère pouvoir donc enfin travailler afin de réduire cet état errance et ce vide.
Je ne suis peut-être pas seul dans ce cas, mais le fait de savoir qu'on est plusieurs n'est pas d'une grande aide.