Trop parler
Quand j'étais plus jeune, j'ai été atteint d'un bégaiement relativement important. Pas non plus hyper sévère. Mais, quand même. J'ai réussi à me dépasser mais pas en bien.
Problème
J'ai passé mon enfance et mon adolescence dans cet état ce qui n'a pas arrangé mes relations sociales de l'époque. Pour le dire simplement : ça m'a bien pourri la vie.
A cause du bégaiement, j'ai été quelqu'un de relativement fermé aux autres pendant cette période. Très peu d'amis et une communication relativement restreinte. Bon, les amis, ça n'a rien a voir avec ça finalement car, même aujourd'hui alors que tout va bien, j'en pas des masses. La seule différence c'est qu'aujourd'hui, c'est par choix.
Solution
Puis, je me suis mis a travailler sur moi-même. Beaucoup. Je me suis mis à parler aux gens malgré ce problème et toute cette pression sociale s'est littéralement évaporée. Je profitais de chaque instant pour bavarder avec des gens que ce soit quelqu'un que je venais de rencontrer ou les retraités de l’immeuble. Les vieux solos c'est les meilleurs. C'est mes préférés lorsqu'il faut bavarder sans peur de se faire juger. J'avais besoin de parler pour m’entraîner et me surpasser. Eux, ils avaient besoin de parler car ils n'avaient personne pour les écouter. C'était du win win. Ils étaient heureux avec moi et moi avec eux.
Les années passaient comme ça et je suis devenu quelqu'un de très très ouvert et bavard au point que, lorsque je disais aux gens qu'à la base, je suis quelqu'un de très réservé, personne ne me croyait. Idem lorsque j'ai rencontré ma femme. Au départ elle croyait que j'étais un queutard et gros tchatcheur alors que pas du tout. J'aimerais juste parler avec les gens car, avant, je ne pouvais pas le faire avec autant de facilité.
Nouveau problème
Le problème c'est que, aujourd'hui, cela fait partie de ma personne, tout comme mon angoisse de l'époque. Je parle souvent, et beaucoup, et cela n'est pas toujours à mon avantage. Je me rends compte que, lorsque quelqu'un parle plus que de raison, j'ai tendance a ne pas le prendre au sérieux. Tandis qu'il y a quelque chose de respectable chez celui qui est silencieux. Quand il parle, sa parole a plus de valeur et on l'écoute mieux. Comme il parle pas souvent, lorsqu'il parle, on se dit qu'il va certainement dire quelque chose de censé.
Je me suis fait cette réflexion en lisant un livre de Milan Kundera, La fête de l'insignifiance :
Le silence attire l'attention. Il peut impressionner. Te rendre énigmatique. Ou suspect.
Peut-être que cette citation n'a rien a voir avec la situation mais en tout cas c'est comme ça que m'est venu l'idée de rétrospection. Dans le monde du travail cela peut poser quelques problèmes. Comme je disais, le plus grave selon moi c'est que la parole d'un bavard est moins valorisé.
En tout cas, c'est amusant d'être dans cette situation. On a un problème, on rêve d'un meilleur puis, finalement, une fois qu'on a obtenu ce que l'on souhaitait, on ne s'en rend même pas compte. Parfois on vise tellement quelque chose qu'avec le temps on l'obtient. Sauf qu'on est tellement la tête dans le guidon qu'on oubli même que, il y a quelques mois voir années, on en rêvait. Sans la voir, on se prive quelque part. On se prive de bien savourer ce travail fait et ce progrès réalisé.
Je me suis éloigné du sujet. Mais sinon, oui, il faut savoir la fermer parfois. Parler qu'on il faut et la fermer quand il faut. Ca me parait bien.
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